Richard Riemerschmid, fondateur du Werkbund, au Salon d'automne, Art et décoration 1910
Pour comprendre l'insertion du style Shaker (Shaker // guerre de religions) dans la modernité française, passons d'un siècle à l'autre, de la guerre des religions à celle des nations. En 1910, les ateliers munichois (Deutsche Werkstätten münchen) s'introduisent au Salon d'automne à l'invitation de Frantz Jourdain, touchent immédiatement le fils de l'initiateur, Francis Jourdain (Francis Jourdain // château Gourdon), avant de se répercuter sur Gabriel puis d'impacter Gascoin et tous les designers de meubles. Dans la revue Art et décoration, l'article de Maurice Pillard Verneuil n'est pourtant pas flatteur : " Une telle exposition peut-elle avoir une influence quelconque sur l'art décoratif français ? Je n'hésite pas à dire non, et non de façon absolue. Le Bavarois est certes plus proche de nous que le Prussien ; mais il demeure Germain cependant. Et jamais notre goût latin ne pourra recevoir une direction quelconque du goût germanique. [...] La lourdeur, la brutalité dans les contrastes, la richesse trop ostensible, la crudité des tons ne sauraient répondre à nos goûts, qui réclament la souplesse, la mesure, la grâce et l'harmonie. ". Il analyse les sources : " Je vois la trace d'influences directes et nombreuses : le style Biedermeier, le Second Empire, les styles anglais s'y retrouvent aisément. Et l'impression dominante est celle d'un Louis-Philippe alourdi, enrichi, germanisé. […] Pourquoi le Louis-Philippe ? S'il est une époque mesquine, lourde, sans grâce, c'est bien celle-là ! Époque de petit bourgeoisisme à idées étroites, sans aucun sens esthétique, et d'où l'art semble volontairement exclu. " Derrière l'accusation se trouve toujours l'imaginaire religieux car le bourgeois représente un goût protestant pour le confort matériel dans un classicisme boursouflé, c'est le Jugendstil en chêne et sans ornement de Richard Riemerschmid. Quant au Français, noble et catholique, né dans la Contre-Réforme, il préfère son Art nouveau en acajou, riche en ornements barocco-maniéristo-rococo. Le conflit classique/baroque révélé par Anthony Blunt se prolonge. Mais il faut lire l'interprétation de Deborah Silverman (dans son excellent ouvrage L'Art nouveau en France, publié par Flammarion en 1994) pour comprendre qu'il s'agit aussi d'une lutte de l'intérieur contre l'extérieur, de la féminité contre la virilité. C'est ainsi que l'individualisme libertin français et son raffinement introspectif, jusqu'ici méprisant vis-à-vis du goût bourgeois et de son intérêt paternaliste pour l'ouvrier, va muter : les plus sensés comprennent la vanité et l'égoïsme d'une culture pour-soi séparant l'art et l'utile. Il faut remettre l'art dans l'utile, remodeler le classique, réinventer la convention, ennoblir le bourgeois, sortir la créativité de son enfermement ornemental afin d'en faire un projet et une architecture. Mais il faudra encore attendre (Süe et Mare // Compagnie des Arts Français).
To understand the insertion of Shakers in the French modernity, moving from a century, from Wars of religions to wars of nations. In 1910, the Munich Arts and handcrafts workshops (Deutsche Werkstätten münchen) are introduced in Autumn Salon at the invitation of Frantz Jourdain immediately affect his son, Francis Jourdain, before Gabriel then pass on to impact Gascoin and all furniture designers. In the magazine Art et decoration, an article of Maurice Pillard Verneuil is not flattering: "Can Such exposure have any influence on French decorative art I do not hesitate to say no, and definitively not . The Bavarians absolutely is certainly closer to us than the Prussian, but he remains however Germain And never our Latin flavor will not receive any direction from the Germanic taste [...] The heaviness, brutality in contrasts.. , wealth too ostentatious crudeness tones can not meet our tastes, which demand flexibility, measurement, grace and harmony. ". It analyzes the sources: "I see the trace of direct and numerous influences: the Biedermeier style, the Second Empire, the British styles and find it easily the dominant impression is that of a Louis Philippe burdened enriched , germanized. [...] Louis Philippe: Why? If it is a mean time, heavy, graceless, it's this one! Time of bourgeoisism small narrow ideas, without any aesthetic sense, and where art seems deliberately excluded. "Behind the accusation is always religious because the filter says a Protestant bourgeois taste for material comfort in a bloated classicism, the Jugendstil oak unadorned of Richard Riemerschmid. As for the French, noble and Catholic, born in the Counter-Reformation, he prefers his Art Nouveau, rich in barocco-maniéristo-rococo ornaments. The classical / baroque conflict revealed by Sir Anthony Blunt continues. But we must also hear the interpretation of Deborah Silverman (in his excellent book Art Nouveau in France) to understand that this is also a struggle from inside against the outside , femininity against virility. French libertine individualism and introspective refinement, against contemptuous of bourgeois taste and its paternalistic interest for the working class will mutate: the most sensible include vanity and selfishness a culture between art and useful: you have to put art in the useful, reshape the classic, reinvented the convention, ennobling bourgeois and finally out the creativity of its ornamental confinement into a architecture.
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